jeudi 8 mars 2007

Quelques considérations sur la liberté

ô très chers amis!

J'en aurais sans doute beaucoup à dire maintenant. Il y a, je vous l'accorde, bien longtemps que j'aurais du partager avec vous sur notre espace internet abécédien. Des nouvelles? Oui, j'en aurais, sans aucun, compte tenu de ce que ma vie est pour le moins changeante ces derniers temps. Mais comme les projets sont nombreux, et pas toujours stables, j'attendrai un peu avant de vous dire ou j'en suis.

Mais une autre raison, et sans doute la plus importante, qui m'empêche de vous parler d'où j'en suis pour vous exprimer plus ce que je pense, c'est que je ne peux m'empêcher de réagir aux propos de mes bien-amés camarades Martin et Fred. Vous me connaissez, comment ne rien dire quand il s'agit de l'avenir de notre peuple en ces jours cruciaux d'élections!

D'abord, j'eu le plaisir de lire le manifeste néo-conservateur de mon estimé banquier et de me poser certaines questions sur l'implication de la "liberté individuelle" et son association avec la droite. Il est intéressant de constater à quel point mon ami se sent laisé dans le discours actuel que l'on tient généralement au Québec à ce niveau. Par contre, je crois nécessaire d'apporter quelques précisions; la liberté individuelle est le sujet d'un vieux et âpre débat dans le cercle des penseurs de nos sociétés, puisque depuis l'ère des Lumières qui marqua l'Occident au XVIIIe siècle, tout le monde croit défendre ce principe. Les Libréaux, dans le vrai sens du terme, furent les premiers, il est vrai, à s'attacher à la valeur de la liberté de l'individu et à défendre le droit de chacun à la "poursuite du bonheur", pour employer les termes de la constitution étasunienne. Comme disait John Stuart Mills, un fameux libéral, rien ne peut justifier la contrainte que de détourner un homme d'un acte nuisible à pour un autre. C'est dire, tous devraient complètement libres de poursuivre leur bonheur comme ils l'entendent sans interférence de quoi ou de qui que ce soit. Cependant, bien qu'un acte nuisible à la personne même qui le commet ne justifie jamais la contrainte, les limites restent claires: la liberté s'arrête lorsque celle-ci devient préjudiciable à l'intégrité et à la diginité de l'autre.

Stuart Mills, chantre de l'utilitarisme (qui doit t'être cher Fred...) et du libéralisme smithien dans sa jeunesse, est mort à la fin du XIXe siècle. Il se considérait alors socialiste. Pourquoi? Parce que la liberté a un sens et des implications beaucoup plus vastes qu'on ne le penserait a priori. Des considérations de Mills surgit le débat entre libéraux qualifiés de "néo-classiques" et "d'interventionnistes". Aujourd'hui, plus ou moins 150 ans après que le débat ait commencé, les néo-classiques sont devenus les "conservateurs", "néo-conservateurs", "néo-libéraux" et "libertariens" alors que les interventionnistes se sont transformés en "keynésiens", "libéraux" (et oui, ils se sont appropriés le terme...) et même "sociaux-démocrates" ou "travaillistes" avec l'aide du socialisme. Bien que l'on pourrait s'attarder passablement plus longtemps à l'histoire extrêmement intéressante des idées, n'en perdons pas notre fil; les propos de notre compagnon libertarien, voire même "anarco-capitaliste".

La liberté peut nuire aux autres. C'est l'élément central de mon commentaire. Et c'est la source de ta méprise, cher ami Fred (je le dis sans prétention, biensur... ah!ah!) Comme êtres humains, on ne peut pas accepter que la liberté devienne celle de "l'état de nature" pour utiliser les mots de Hobbes, Locke ou Rousseau. D'ailleurs, Sartre disait que la Liberté était une telle responsabilité qu'il s'agissait du plus grand fardeau de l'Homme. On ne peut pas être libre d'affamer un autre être humain. On ne peut pas être libre de devenir une charge pour nos frères non plus, c'est vrai. Mais tout de même, on pourrait reprendre les propos de Green et dire qu'il y a deux types de liberté: la liberté positive et la liberté négative. Comme disait ce dernier, la liberté n'est pas seulement "ne pas avoir de contraires" mais est aussi quelque chose qui nous appui dans l'action. Ainsi, un enfant pauvre, par exemple, n'est pas "contraint" par qui que ce soit, du moins activement. Néanmoins, on ne peut affirmer qu'il est libre parce qu'il ne peut pas se "développer" ou s'épanouir librement. Je le répète, qu'est-ce que la liberté sinon d'oeuvre à notre bonheur? Et c'est là que les choses se compliquent et que l'on passe à l'étape supérieure; le socialisme! (ah!ah!)

Du moment que l'on accepte ce principe, soit que la liberté n'est pas seulement l'absence de contrainte mais l'outil de notre épanouissment, la discussion prend une autre tournure. Si la liberté est notre épanouissement et que la liberté des autres influe nécessairement sur le développement individuel, la société se doit de s'entendre et d'intervenir. On constate que la liberté individuelle est intimement liée à la liberté collective tout comme l'individu est inextricable de sa société. Et c'est parti; on met sur pied une charte des "droits de l'homme et du citoyen" durant la Révolution française, on enchasse une charte des "droits et libertés" dans la Constitution canadienne, on parle de la charte des responsabilités au gouvernement du Québec. Et après, logiquement on embarque dans la législation du travail, l'éducation obligatoire et publique, la laicité, les soins de santé, pas nécessairement publics mais accessibles à tous. On observe quoi? Que "l'égalité" comme autre principe ou valeur d'importance, vient de faire son entrée sur scène. Sans une égalité minimale, non seulement de droit mais de fait, il n'y a pas de liberté possible.

Droite et gauche, ce ne sont que des termes que l'on utilise comme des référants, sans plus. Vous vous souvenez, chers amis, de l'origine de ces mots: l'Assemblée nationale française de 1789. Ceux qui étaient les moins favorables aux réformes de la Révolution s'assoyaient à la droite du président de l'Assemblée, les autres à sa gauche. En subjectivisant le terme, on a associé à la gauche d'abord les tenants "du changement" puis par la suite aussi les ténors du "progrès" pour le biens de tous les hommes (Première Déclaration des Droits de l'Homme, soutenus par les députés "à gauche" du président en 1789). Peu à peu, les défenseurs du "faible", de "l'exploité" ou du "misérable", bref, les défenseurs de ceux qui n'ont pas de "liberté réelle, de fait ou positive (i.e. Green)" donc, pour ce que l'on a dit, les amis de l'Égalité, ont été caractérisés "de gauche".

Je concluerai donc sur ce; la liberté n'est pas l'apanage de la droite. La droite, par définition, défend la liberté face aux contraintes extérieures mais sans tenir compte d'où se trouve l'individu au départ, notamment dans la hiérarchie sociale, ce qui pourtant définit entièrement sa liberté de fait. Voilà qui porte donc tout socialiste, défenseur de l'égalité des chances et de la liberté réelle, à affirmer que la droite, en fin de compte, est défend tout simplement l'ordre établit. Dans un monde d'aristocrates, la droite défend les aristocrates, dans un monde capitaliste, la droite défend les possesseurs de capital. T'as le pouvoir; t'es libre. T'as l'argent; t'es libre. Ta pas une cenne pis t'as pas de pouvoir; t'es aussi libre.., de crever de faim ou de te vendre à l'entrepreneur possesseur des moyens de production (parce que possesseur du capital) pour n'importe quoi, si ça te permet de manger.

Ce qui a fait notre liberté, notre vraie liberté, c'est l'union et la lutte. C'est le désir d'égalité tout autant. Tous les membres de l'ABC, si je ne m'abuse, sont descendants d'ouvriers ou de paysans, de travailleurs. Sans les syndicats qu'on démolit inconséquemment et que certains s'amusent à dénigrer (ça aussi, Fred, ça facilement partie du discours à la mode en ce moment) on dirait encore "yes sir" ben libre de se faire payer 30 cennes pis de vivre dans une cabane en bois après du 7 jours su 7. On aurait pas tellement la "liberté" de jaser comme on le fait en ce moment, pas nécessairement parce que l'État nous dirait de pas le faire, mais parce que l'on saurait peut-être pas même lire. Sans l'idéal socialiste, la liberté serait encore un luxe bourgeois, comme l'honnêteté ou l'esthétique ou bien des beaux mots comme ça. Donc non, je ne laisse pas même à la droite son titre qui lui est si cher de "défenseur de la liberté".

Je voulais réagir à ce que notre confrère Martin a écrit sur les élections et sur d'autres commentaires politiques de notre ami Fred mais je m'abstient pour l'instant. Il est 1h20 AM et j'ai déjà écrit pas mal. Les yeux me font mal.D'ailleurs, soyez indulgents pour ce qui est de la qualité de mon français...

Sur ce donc, et en espérant ne pas vous avoir trop ennuyé avec mes "élucubrations libérales", je vous dis aurevoir et au plaisir de vous retrouver sur les lieux de notre temple cybernétique comme en chair et en os! Je vous en dirai davantage sur moi dans un futur rapproché.

LIBERTÉ! ÉGALITÉ! FRATERNITÉ!


*Parenthèse syndicale s'impose -L'union des travailleurs, comme Olymel par exemple, est le rempart à l'abus qu'on a connu depuis des cetaines d'années. Mais comme le dominant trouve toujours sont plus zélé suiveur dans le dominé, c'est toujours la faute du travailleur si l'entreprise va mal, le patron a toujours raison pour certains. À Olymel, ils avaient votés à 97% contre l'offre, puis, encore en majortié contre la deuxième même si on leur avait dit toute la semaine dans les médias "qu'ils étaient des gâtés pourris trop con pour se rendre contre qu'ils allaient perdre leur job encore super bien payée malgré les concessions à l'entreprise". Mais beaucoup on dit; c'est 97% d'épais, de gatés, de chialeux, pis après, au deuxième vote, encore une majorité d'épais, de chialeux etc etc. Ils peuvent JAMAIS avoir leurs raisons des raisons valables même si nous on voit ça de l'extérieur et que eux on le nez dedans depuis 20 ans. Je sais pas si ils ont eu tort ou raison; mais je leur accorde au moins qu'ils devaient avoir leurs arguments et que ces derniers étaient peut-être valables.

La chienne de mourir ...

Les mecs, j'ai la chienne de mourir. Je m'en doutais un peu depuis quelques temps. J'ai commencé à craindre la mort un peu avant mes dernières vacances. Moi qui m'était toujours pavané en criant haut et fort que la mort je ne craignais point. Je disais à qui voulait bien l'entendre qu'un coup partit, ce sont ceux qui restent qui sont triste, jamais le défunt. C'est différent maintenant. Depuis l'halloween, fêtes des morts, ce n'est plus la même chose. Ma vie, du moins une partie, a une extension au delà de mon propre corps. Juste à penser qu'il pourrait m'arriver un malheur que femme et bébé se retrouve seul me fout la trouille. Une vrai trouille, celle qui va vous chercher au plus profond de soi. Celle qui vous rend le souffle court, qui vous chavire l'estomac, qui pourrait vous faire pleurer si vous ne chassiez pas de telles idées de votre tête.

Je m'en doutais, mais maintenant j'en suis certain: être parent représente la plus grande responsabilité qui soit. Mais j'ai la chienne de crever merde. Moi, j'ai peur.
Il m'arrive d'en faire des cauchemars. Est-ce que c'est possible de craindre la mort autant?
Vive la vie, celle qui est remplie d'embûches, celle qui vous fait prendre constamment des décisions, celle qui vous enlève de nombreuses heures de sommeil...
Celle qu'on aime.